La première couverture...
Pour moi tout a commencé par une couverture découverte dans les Alpes du Sud, aux Amignons de Péone, il y a 10 ans. J’étais venu rendre visite à une voisine qui rangeait sa grange par une de ces fins de journée solaire qui embrasent le Mercantour. En ouvrant une vieille armoire en mélèze, j’ai découvert une pile de couvertures de laine épaisse. Les lés étroits, cousus bord à bord, les motifs rayés et le poids de ces couvertures — certaines pèsent plus de 4 kg — évoquaient une tradition rurale. Je savais que les textiles anciens, fragiles, sont rares. Une de ces couvertures, offerte par Juliette Clary, a fini par trouver sa place sur mon lit où je la contemplais chaque soir. Je me pris à rêver de tartans médiévaux. Un matin de printemps, bien plus tard, j’ai tiré un fil par curiosité et commencé à suivre son cheminement. J’étais loin alors de me douter qu’il me faudrait 4 années de recherches et de rencontres pour re-découvrir un pan entier de culture montagnarde, un véritable art de la laine, riche et complexe, vieux de six siècles au moins et pourtant sur le point de disparaître. Ce livre retrace cette quête.