LE CADRE GÉOGRAPHIQUE
Afin de pouvoir disposer d’un corpus homogène, la collecte s’est d’abord concentrée sur une zone géographique réduite, la commune de Péone et ses écarts ou les pièces textiles se sont avérées abondantes et dans un bon état de conservation. Plus tard,
la rencontre avec Philippe Graglia et la découverte du livre de comptes d’Antoine Jaubert et de son fils ont permis d’élargir la recherche à d’autres vallées connexes. Au final la zone retenue, Péone, les hautes vallées du Var et de la Tinée et Val de Blore, forme un ensemble cohérent où les modes de production, les manières d’habiter et de se vêtir, conditionnés par l’altitude sont similaires ou proches. En outre ces vallées avaient été parcourues et documentées par François-Emmanuel Fodéré au début du XIXe siècle.
LE CADRE TEMPOREL XIVE-XXE SIÈCLE
Le plan de cet ouvrage suit le parcours du fil, de la tonte au drap. Ce choix, qui permettait de mettre en évidence la construction sociale et la longévité des pratiques, n’a pas laissé de champ pour effectuer une approche strictement chronologique. D’autant que les sources, abondantes à partir du XVIIIe siècle n’offraient pas la même richesse pour la période comprise entre le XIVe siècle et le XVIe siècle. De fait, la plus grande partie de cette enquête concerne les processus de fabrication du drap à l’ère préindustrielle et à leurs survivances, jusqu’au milieu du XXe siècle en Tinée ! Néanmoins quelques repères, dont les chartes de la vallée du Var, notamment celle de Villeneuve d’Entraunes datant de 1388 qui réglemente le travail de la laine, ont permis d’esquisser les contours de la production du drap au Moyen Âge et mis en évidence la très longue continuité des techniques.